Médecines non conventionnelles : Dévoiler les Croyances et Apprivoiser les Faits

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Devant la richesse et la complexité des liens qui se tissent entre les humain·es et leurs compagnons canins, nous observons l’émergence de différentes méthodes et pratiques visant à comprendre et à améliorer ces relations. De la communication animale au reiki, des perles de céramique aux élixirs floraux de Bach, et de l’homéopathie à d’autres remèdes parfois controversés, le monde du comportement canin offre une diversité de perspectives. Derrière ces pratiques réside une motivation profonde et louable : la quête constante des gardien·nes pour comprendre et aider au mieux leurs chiens. Animé·es par le désir sincère de créer des liens plus forts et harmonieux avec leurs chiens et de répondre à leurs besoins, les gardien·nes s’engagent dans une variété de méthodes, cherchant des parfois des réponses rapides ou « naturelles » face à des problématiques complexes.  

Cet article explore quelques-unes de ces différentes approches, en examinant les biais cognitifs et les mécanismes psychologiques qui peuvent influencer la croyance en leur efficacité même lorsque cette dernière n’a pas pu être démontrée.

L’objectif ici n’est certainement pas de critiquer des personnes et/ou leurs croyances, mais plutôt de tenter de questionner et d’évaluer des pratiques et leurs conséquences sur le duo humain·e/chien. Il est important de reconnaître que la plupart des professionnel·les qui adoptent des méthodes controversées le font avec la conviction sincère d’aider tant les humain·es que leur chien. Cet article n’a pas non plus vocation à blâmer les pratiquant·es, et chacun·e est libre de ses croyances ! Néanmoins, il me semble intéressant d’analyser ces pratiques à la lumière de nos connaissances actuelles.

I. Focus sur quelques-unes de ces pratiques et leurs biais :

  1. Communication animale
  2. Autres pratiques
  3. Vous reprendrez bien un peu de placebo ?

II. L’art de l’humilité : explorer les limites de la connaissance personnelle

  1. Mais au fait, c’est quoi une « science » ?
  2. Le cerveau humain : brillant mais faillible

III. Thérapies dites « alternatives » : amies ou ennemies ?

  1. Sans danger, vraiment ?
  2. Ennemies alors ?

Conclusion : « I want to believe », mêler pratiques scientifiques et croyances

Sources

Ressources pour aller plus loin

I. Focus sur quelques-unes de ces pratiques et leurs biais

1. Communication animale

Commençons avec une pratique très répandue, la communication animale, aussi appelée communication télépathique ou communication intuitive, présentée comme une capacité mystique à comprendre les pensées et les émotions des chiens.  Il s’agit d’établir un lien avec un animal afin de communiquer avec lui. La personne pratiquant la communication animale se connecterait ainsi à l’âme de l’animal.

Ainsi on peut comprendre que la communication animale est une croyance. La psychologie, avec ses concepts bien établis, offre une explication des dynamiques à l’œuvre lors d’une séance, que ce soit du côté de la personne qui l’exerce que de celui du/de la client·e.

La première technique à l’œuvre sur laquelle il est intéressant de s’attarder est le « cold reading ». Le cold reading (ou « lecture à froid ») est utilisé par les praticien·nes de divers domaines (mentalistes, voyant·es, magicien·nes, politicien·nes etc.) pour récupérer des informations sur un individu par l’observation de ses réactions. Cela fonctionne en partie grâce à des compétences d’observation des indices subtils (des détails tels que la posture, les expressions faciales, la relation entre le / la gardien·ne et l’animal, et même des indices environnementaux qui peuvent fournir des informations importantes.).

De plus, en utilisant des généralisations vagues mais plausibles, le communicateur / la communicatrice animalier peut créer l’illusion de connaître des détails spécifiques. Par exemple, dire quelque chose comme « Je ressens que votre chien a eu une expérience difficile dans le passé » est une déclaration suffisamment générale pour résonner chez de nombreux·ses gardien·nes de chiens (voir « effet barnum » plus loin).

Des questions ouvertes qui encouragent les gardien·nes à fournir des détails spécifiques sur le comportement de leur animal font également partie des méthodes employées par celles et ceux qui prétendent pouvoir communiquer avec les animaux. La personne va user de questionnement imprécis pour cibler rapidement les besoins de son interlocuteur·ice. Ces informations peuvent ensuite être utilisées pour construire une interprétation qui semble être une communication directe avec l’animal.

Ils et elles vont également, dans le même ordre d’idée, employer fréquemment des clichés universels qui sont susceptibles de s’appliquer à la plupart des animaux. Des affirmations telles que « Votre chien ressent de l’amour pour vous » sont des déclarations si génériques qu’elles sont difficilement réfutables.

Enfin, les personnes prétendant faire de la communication animale sont souvent très douées pour s’adapter en temps réel. Les communicateur·ices ajustent leurs déclarations en fonction des réactions du gardien ou de la gardienne, utilisant ces réponses pour affiner leurs suppositions et donner l’impression de capter des informations spécifiques.

Tous ces éléments peuvent donc donner l’illusion que le / la communicateur·ice est en contact direct avec l’animal, alors qu’en réalité, iel exploite des techniques psychologiques pour créer cette impression.

Si le cold reading est mets central de ce repas, ce qui transforme ce repas de cantine en mets digne d’un restaurant 3 étoiles, ce sont ces petits « quelques choses » appelés les biais cognitifs.

Tout d’abord le biais anthropomorphique. Ce biais consiste à attribuer des caractéristiques humaines aux autres animaux. Dans le cas de la communication animale, cela implique d’interpréter le comportement animal à travers le prisme des expériences humaines, souvent en projetant des émotions ou des intentions humaines sur les autres animaux.*

Le biais de confirmation a également son rôle à jouer : les personnes qui prétendent posséder des compétences en communication animale ont tendance à interpréter les comportements des autres espèces animales de manière subjective, en sélectionnant les exemples qui confirment leurs croyances préexistantes. Cela conduit à une validation sélective et à une absence de rigueur dans l’évaluation objective.

Nous pouvons également parler de l’effet barnum (ou « effet Forer ») qui se produit lorsque des affirmations vagues sont formulées de manière à ce que chacun·e puisse les interpréter comme personnelles et spécifiques. Les personnes qui cherchent des conseils en communication animale peuvent se sentir interpellées par des déclarations généralistes qui semblent correspondre à leur situation particulière (c’est d’ailleurs en grande partie sur ce biais que reposent les horoscopes et l’astrologie).

Le biais de saillance est également à l’œuvre puisqu’il correspond à la tendance à porter son attention et à se concentrer sur les éléments les plus marquants ou les plus importants sur le plan émotionnel tout en ignorant les éléments les plus insignifiants. Les communicateur·ices animaliers peuvent se souvenir principalement des réussites perçues de leurs prédictions ou interprétations, tandis qu’iels négligent ou minimisent inconsciemment les échecs. Cette sélectivité de la mémoire renforce la croyance en leurs prétendues compétences sans considérer de manière objective l’ensemble des résultats.

D’un côté du communicateur/de la communicatrice, on trouvera également l’effet idéomoteur. Un processus psychologique lors duquel une pensée ou une image mentale provoque une réaction musculaire apparemment « réflexe » ou automatique, souvent d’un degré infime et de manière inconsciente. En d’autres termes, ce sont nos attentes qui créent ces réactions. En 1904, Clever Hans, un cheval de huit ans, était présenté comme un prodige capable de résoudre des problèmes mathématiques en tapant le sol avec son sabot. Cependant, Oskar Pfungst, un étudiant en philosophie et médecine, découvrit que Clever Hans ne réussissait que lorsque les personnes présentes connaissaient la réponse au problème posé. Le cheval échouait lorsque la solution était inconnue de l’assemblée. Ces conclusions révélèrent que Clever Hans n’était pas vraiment capable de comprendre ou de résoudre des problèmes mathématiques, mais était capable de sentir quand le public était content de la réponse : il était sensible aux mouvements idéomoteurs inconscients de l’assistance. C’est cette affaire qui donna naissance à l’« effet Clever Hans » ou « effet idéomoteur », soulignant la propension des individus à réagir aux indices non verbaux et aux attentes de celles et ceux qui les entourent. Imaginons un cas où un·e praticien·ne de la communication animale prétend avoir établi une connexion avec une chienne nommée Simone. Les gardiens de Simone consultent cette personne en raison du comportement agité de Simone à la maison. Pendant la séance, le·la praticien·ne, influencé·e par ses propres attentes ou croyances, affirme recevoir des messages télépathiques de Simone indiquant qu’elle est anxieuse en raison d’un événement particulier survenu dans le passé. L’effet idéomoteur entre en jeu lorsque le·la praticien·ne, inconsciemment·e, exprime des signaux non verbaux, tels que des frissons, des changements de posture ou des expressions faciales, qui sont interprétés comme des validations de ses affirmations. C’est typiquement ce qu’il se passe lorsque l’on frémi involontairement à la pensée de quelque chose d’effrayant, une expérience que nous avons toutes et tous vécu au moins une fois. C’est également sur cet effet que reposent les pratiques du ouija, du pendule, le mouvement de la baguette de sourciers, la radiesthésie etc.

La communication animale fait également appel à la corrélation illusoire, qui survient lorsque des liens sont perçus entre des événements qui n’ont pas de relation causale réelle. Les adeptes de la communication animale peuvent parfois attribuer à tort des comportements à des événements spécifiques, créant ainsi une fausse impression de compréhension des signaux animaux.

Enfin, abordons le phénomène d’escalade d’engagement, observé tant chez les professionnel·les proposant des séances de communication que chez les particulier·es qui y adhèrent. Ce processus implique souvent une prise de décision initiale en faveur de cette pratique, suivie d’un investissement croissant en termes de temps, d’argent et d’émotions. Les individus peuvent devenir plus enclins à défendre leurs choix initiaux, même face à des preuves contraires, afin de rationaliser leurs investissements antérieurs. L’Histoire nous offre un exemple frappant et désolant de ce phénomène : la guerre du Vietnam. C’est aussi, de manière plus triviale, ce qu’il se passe lorsque, par exemple, on reste jusqu’à la fin de la séance de cinéma même si le film nous déplait profondément puisque « quand même, on à dépensé le prix du ticket, et en plus on à déjà perdu 45 min, autant aller au bout », alors que la logique voudrait que justement, on à déjà perdu 45 min et de l’argent, limitons les dégâts et partons avant de perdre encore davantage notre temps !

En somme, l’illusion que la communication animale fonctionne peut être simplement expliquée par des principaux généraux de psychologie tant d’un point de vue du / de la « pratiquant.e » que du / de la client.e.

 

*Attention toutefois à ne pas tomber dans le travers inverse : l’anthropodéni (concept, défini par Frans de Waal comme “le rejet a priori de traits proches des humains chez d’autres animaux ou proches des animaux chez nous” : le fait de refuser à des animaux des traits jugés humains).

2. Autres pratiques

L’utilisation de l’homéopathie et des Fleurs de Bach dans le domaine canin repose sur des principes dénués de base scientifique. Les dilutions extrêmes de substances actives dans l’homéopathie défient les lois de la pharmacologie. A ce jour, un nombre incalculable d’études ont été réalisées à ce sujet, toutes ou presque ont échoué à prouver une efficacité de l’homéopathie qui ne puisse être attribuée à l’effet placebo (voir plus loin). Une méta analyse (une analyse qui compile et synthétise les résultats de différentes études en recherche médicale) datant de 2002 indique qu’aucun remède homéopathique n’a démontré des effets cliniques qui soient convaincants et différents de ceux du placebo. Elle conclut que les meilleures preuves cliniques disponibles à ce jour sur l’homéopathie ne justifient pas de recommandations positives pour son utilisation dans la pratique clinique (Ernst, 2002). Quant aux Fleurs de Bach, elles manquent d’études cliniques sérieuses prouvant leur efficacité. Richard Monvoisin, dont je vous recommande chaudement le travail, s’est néanmoins penché sur la question avec des résultats peu concluants (Monvoisin, 2005).

 

Les perles de céramique auraient vocation à prévenir les puces et les tiques. Cependant, les allégations sur la « vitalité énergétique » de ces perles manquent d’étayage scientifique. Les perles de céramiques reposent en partie sur le concept de micro-organismes efficaces (EM) développé par le Professeur Teruo Higa. Les perles de céramique sont utilisées comme support pour les microorganismes bénéfiques. L’idée est que les perles de céramique, en tant que structure poreuse, peuvent fournir un environnement favorable à la croissance et à la stabilité des microorganismes. En 1994, Higa publie lui-même une étude concluant que « la principale limitation est le problème de reproductibilité et le manque de consistance des résultats. » (Higa, Parr, 1994).

Dans le cadre qui nous intéresse, les perles de céramique « chargées en EM » agiraient par « résonance magnétique » grâce à une « énergie vibratoire positive qui se diffuse dans les tissus du corps » de l’animal. Autrement dit, c’est une pensée magique reposant en partie sur les croyances liées à la lithothérapie, prétendant que certaines pierres ou cristaux ont des propriétés curatives ou énergétiques. Cette croyance est largement considérée comme non scientifique et dépourvue de fondement empirique. Aucune pierre ou cristal n’émet spontanément la moindre forme d’énergie (à l’exception de la radioactivité, très dangereuse et fort heureusement non employée en lithothérapie).

Une étude réalisée sur des humain·es suggère que la guérison par les cristaux peut induire un effet placebo (encore lui !) chez un·e patient·e qui reçoit ce type de traitement. En d’autres termes, une personne peut se sentir mieux après avoir suivi un traitement de guérison par les cristaux, mais il n’existe aucune preuve scientifique que ce résultat ait quelque chose à voir avec les cristaux utilisés pendant le traitement. En 2001, French et ses collègues ont présenté une étude sur l’efficacité de la guérison par les cristaux. Pour l’étude, 80 participant·es ont été invité·es à méditer pendant cinq minutes tout en tenant soit un vrai cristal de quartz, soit un faux cristal qu’ils croyaient réel. Après avoir médité, les participant·es ont répondu à des questions pour savoir s’iels ressentaient des effets de la séance de guérison par les cristaux. Les chercheur·euses ont découvert que les effets rapportés par celleux qui détenaient de faux cristaux pendant la méditation n’étaient pas différents des effets rapportés par celleux qui détenaient de vrais cristaux. De nombreux·ses participant·es des deux groupes ont déclaré ressentir une sensation de chaleur dans la main ainsi qu’une sensation accrue de bien-être général. De plus, on observe que celles et ceux qui croyaient au préalable au pouvoir des cristaux étaient deux fois plus susceptibles que les non-croyant·es de déclarer ressentir les effets du cristal. Cependant, la force de ces effets ne correspondait pas au fait que la personne en question tenait un vrai cristal ou un faux. (French, 2001).

 

Le reiki quant à lui est une méthode de soin non conventionnelle d’origine japonaise, fondée sur des soins dits « énergétiques » par imposition des mains. Le ministère de la Santé indique que « dans la très grande majorité des cas, ces pratiques de soins non conventionnelles n’ont pas fait l’objet d’études scientifiques ou cliniques montrant leurs modalités d’action, leurs effets, leur efficacité, ainsi que leur non dangerosité. Lorsqu’elles sont utilisées pour traiter des maladies graves ou en urgence à la place des traitements conventionnels reconnus, elles peuvent donc faire perdre des chances d’amélioration ou de guérison aux personnes malades. » La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) quant à elle considère ces techniques de soins comme « porteuses de risques et non éprouvées ». Les études qui se sont penchées sur le reiki ont été réalisées en comparant des patient·es ayant choisi d’être traité·es par le reiki à d’autres qui ne font l’objet d’aucun traitement. Dans ce genre de conditions, tout résultat positif peut vraisemblablement résulter de l’effet placebo ou de l’attention accordée aux patient·es, et pas nécessairement de la méthode reiki elle-même. L’analyse critique des preuves existantes ne montre donc pas que le reiki soit efficace. (Singh, Ernst, 2014).

3. Vous reprendrez bien un peu de placebo ?

L’illusion que ces remèdes (souvent considérés comme « naturels » ou « ancestraux ») fonctionnent repose, tout comme pour la communication animale, sur plusieurs biais cognitifs courants. Tout d’abord, le biais de confirmation, encore lui, joue un rôle significatif, où les individus sont plus enclins à remarquer et à se rappeler des expériences qui confirment leurs croyances préexistantes. Si une personne s’attend à ce que les Fleurs de Bach aient un effet, elle est plus susceptible de percevoir des améliorations, même si celles-ci sont subjectives (c’est l’effet constaté dans l’étude de French concernant la lithothérapie mentionnée plus haut). De plus, le besoin de contrôle peut conduire à l’adoption de méthodes perçues comme offrant un certain pouvoir sur la santé ou le bien-être de son chien. Les Fleurs de Bach, l’homéopathie, le reiki peuvent répondre à ce besoin en fournissant une option perçue comme naturelle et non invasive. Lorsque quelqu’un·e décide de recourir à ces méthodes, iel peut également inconsciemment intensifier son attention aux changements perçus. Ceci crée un cercle de rétroaction positif où même de petites améliorations sont exagérées et renforcent la croyance en l’efficacité du traitement.

L’effet placebo (ou effet contextuel) contribue également à cette illusion. C’est un phénomène fascinant qui nécessiterait à lui seul un article entier. Je ne vais pas rentrer dans les détails ici mais si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez l’approfondir, je vous recommande chaudement la vidéo du vulgarisateur scientifique Mr Sam ainsi que (plus court), la capsule « Placebo, la tromperie qui soigne » par Richard Monvoisin sur France Culture. L’effet placebo est donc le terme que l’on donne lorsque l’amélioration d’une condition résulte de l’administration d’un traitement inactif, simplement parce que la personne croit en son efficacité. En d’autres termes (et de manière simplifiée), c’est le pouvoir de l’attente et de la conviction sur le bien-être.

Lorsqu’une personne pense qu’un traitement, même s’il ne contient aucun principe actif réel, va la soulager, son cerveau réagit de manière à produire des effets positifs. Ces effets peuvent inclure des changements physiologiques tels que la libération de substances chimiques cérébrales associées au soulagement de la douleur ou à l’amélioration de l’humeur. Le mécanisme exact derrière l’effet placebo n’est pas entièrement compris, mais il est lié à des mécanismes psycho-physiologiques complexes. La suggestion, le conditionnement et les attentes positives induites par la croyance en l’efficacité du traitement peuvent influencer le système nerveux, déclenchant des réactions qui améliorent subjectivement la condition de la personne. Le placebo agit non seulement sur des signes subjectifs (douleur, anxiété, dépression, etc.), mais également sur des signes mesurables cliniques (fréquence cardiaque, pression artérielle) et biologique (ionogramme sanguin, cortisolémie, numération leucocytaire). La durée d’action d’un placebo est plus courte que celle d’un médicament, et la réponse au placebo est, sans surprise, nettement plus variable que celle d’un médicament.

L’effet placebo est présent dès lors que l’on prend une gélule ou que l’on va voir un·e médecin·e. Ce qui fait la différence entre une pratique alternative (c’est-à-dire qui n’a pas intégré le corpus des connaissances et des pratiques de la médecine conventionnelle) et la médecine conventionnelle, c’est que son action ne dépasse pas cet effet placebo, c’est-à-dire que la pratique alternative n’aura pas d’action propre. L’effet placebo n’est pas « bon » ou « mauvais » en soi. Et au fond, s’il peut à lui seul soulager des douleurs – il semble légitime de se questionner : « pourquoi s’en priver ? ». C’est une question d’éthique et chacun·e aura sa propre réponse à cette question. A mon sens, il est questionnable de proposer un placebo lorsque des traitements démontrant une réelle efficacité sont disponibles, car cela constitue une perte d’opportunité pour le / la patient·e.

En l’absence d’un traitement éprouvé, la pertinence de recourir au placebo me questionne tout autant puisque j’y vois des risques potentiels, notamment l’habituation à des solutions « miracles », la difficulté de déterminer quelles pseudomédecines sont acceptables (où mettre la limite ?), et le danger de détourner les patient·es de thérapies médicales efficaces. Parallèlement à cela, soulignons que l’effet placebo a également son pendant négatif, l’effet nocebo (un produit ou un traitement inoffensif qui, lorsqu’il est pris par un·e patient·e ou qu’il lui est administré, est associé à des effets secondaires dommageables ou à une aggravation des symptômes en raison d’attentes négatives ou de l’état psychologique du : de la patient·e).

De plus, l’existence de l’effet placebo chez les chiens est un sujet débattu au sein de la communauté scientifique. Alors que certain·es chercheur·euses reconnaissent la possibilité que les chiens puissent présenter des réponses à des interventions qui ne reposent pas sur des composants actifs, d’autres soutiennent que l’effet placebo, tel qu’il est compris chez les humain·es, peut ne pas être directement applicable aux chiens en raison de leurs différences cognitives et de leur capacité limitée à comprendre les attentes. Des études suggèrent que les chiens peuvent être sensibles aux signaux sociaux de leurs gardien·ne et qu’ils peuvent réagir aux changements d’attitude et de comportement de ces dernier·es, influençant ainsi leur propre comportement. Cependant, attribuer strictement cela à un « effet placebo » similaire à celui observé chez les humain·es est discutable.

Si cela ne suffit pas, laissez-moi vous présenter le « caregiver placebo effect » (en français « l’effet placebo du / de la gardien·ne » qu’on pourrait aussi appeler « l’effet placebo indirect ») : les vétérinaires constatent que les gardien·nes ont tendance à interpréter positivement l’amélioration de la santé de leur animal, même en l’absence de preuves objectives, lorsque celui-ci reçoit un placebo. En d’autres termes, notre perception en tant que gardien·ne est faussée et nous pensons, à tort, que notre animal va mieux alors même que son état ne s’est objectivement pas amélioré et que rien ne vient étayer un mieux-être pour le chien. (Conzemius, Evans, 2012). Dès lors, on voit bien les potentiels effets dramatiques que le caregiver placebo effect peut avoir sur nos animaux… Il peut entraîner des décisions médicales basées sur des impressions plutôt que sur des données tangibles, compromettant la qualité des soins. Il peut retarder la mise en place de véritables solutions thérapeutiques qui soulageraient réellement le chien…

L’effet placebo souligne le rôle puissant de l’esprit dans le cadre de la santé. C’est un aspect important à considérer lors de l’évaluation des résultats des traitements, en particulier dans les essais cliniques, où la dimension psychologique peut jouer un rôle significatif aux côtés des aspects physiologiques, d’autant plus lorsque la personne qui doit indiquer si le patient va mieux est son / sa gardien·ne et pas le patient lui-même (le chien).

II. L’art de l'humilité : explorer les limites de la connaissance personnelle

1. Mais au fait, c’est quoi une « science » ?

Dans cet article, j’ai plusieurs fois parlé de « science » et j’ai également mentionné les « pseudo sciences » ou « pseudo médecines », mais qu’est-ce qu’on entend par là au juste ? Afin d’appréhender la notion de pseudo-science, il semble crucial de définir de manière commune ce qu’est la « science ». Bien que cela puisse sembler trivial de prime abord (« Marie tu es mignonne mais tout le monde sait ce qu’est la science, non ?), nous découvrirons que cette définition n’est pas aussi évidente qu’on pourrait le penser. Richard Monvoisin, dans sa thèse intitulée « Pour une didactique de l’esprit critique », propose plusieurs acceptions du mot « science » :

– Sens 1 : une démarche intellectuelle contraignante visant une compréhension rationnelle du monde naturel et social

– Sens 2 : un corpus de savoirs substantiels communément acceptés, évalués comme objectifs et considérés à un moment donné

– Sens 3 : les sciences appliquées et la technologie, avec ce point important qui est la genèse sociopolitique des axes de recherche, des développements technologiques et des flux financiers

– Sens 4 : la communauté scientifique avec ses mœurs, ses rites et ses luttes de pouvoir (la sociologie interne du champ scientifique)

– Sens 5 : la communauté scientifique avec ses mœurs, ses rites et ses luttes de pouvoir, mais perçue de l’extérieure (sorte de sociologie de la représentation sociale de la communauté scientifique de l’œil de l’individu lambda).

Monvoisin paraphrase Lecointre en affirmant que « le rejet croissant de la science par le public et le succès de certaines mouvances spiritualistes viennent d’une confusion entre ces cinq définitions : à titre d’exemple, la science comme démarche rationnelle d’investigation du monde (sens 1) sera rejetée parce que le clonage fait peur (sens 3), parce que le club nucléocrate prend toutes ses décisions en bafouant la démocratie (sens 5), parce que des bombes atomiques ont explosé (sens 3), parce que des querelles de pouvoir s’exercent lors des congrès scientifiques (sens 4) ou encore parce qu’un résultat que l’on tenait pour certain s’avère faux (sens 2). »  Afin de se détourner des scientifiques jugés responsables de développements de technologies dangereuses ou perçues comme telles, une population non négligeable d’individus se tournent alors vers le marché du New Age (un mouvement spirituel contemporain caractérisé par une approche individualiste intégrant des éléments de spiritualité, de mysticisme, de médecine alternative et pseudo scientifiques et de développement personnel).

Le terme « pseudo-science » quant à lui fait référence à des systèmes de croyances ou à des affirmations qui prétendent être scientifiques, mais qui ne suivent pas les principes, les méthodes ni les normes rigoureuses de la méthode scientifique. Néanmoins, ce terme étant connoté négativement, je lui ai, au cours de cet article, souvent préféré le terme « médecine alternative » ou « non conventionnelle ».

La différence fondamentale entre une science et une pseudo-science réside dans la rigueur méthodologique et la capacité à produire des connaissances fondées sur des observations empiriques et des expériences fiables et reproductibles.

En science, les hypothèses sont testées de manière systématique, les résultats sont soumis à un examen critique par la communauté scientifique, et les théories évoluent en fonction des nouvelles découvertes. En revanche, les pseudo-sciences peuvent souvent faire appel à des anecdotes, des affirmations non vérifiables, ou à des méthodes de recherche biaisées, manquant de la rigueur et de la validité nécessaires pour être considérées comme fiables.

Attention, la science n’est toutefois pas totalement exempte de subjectivité non plus. La production de connaissances scientifiques est influencée par le contexte social, culturel, historique et politique dans lequel la recherche est menée. Elle est façonnée par les perspectives des chercheur·euses, les conditions de recherche et les normes culturelles de l’époque (voir l’article de Ritournelles Canines au sujet des savoirs situés). Néanmoins, la démarche scientifique reste à ce jour la méthode la plus fiable dont nous disposons pour explorer le monde naturel, comprendre ses mécanismes complexes et établir des fondements solides pour la prise de décisions éclairées.

2. Le cerveau humain : brillant mais faillible

Lors de discussions au sujet de méthodes alternatives, j’entends souvent que je « devrais essayer pour voir », que « le voisin de ma voisine a testé et que les résultats ont été spectaculaires ». Je n’ai aucun doute quant au fait que ces personnes soient réellement convaincues des bienfaits des approches qu’iels ont essayé, mais dans le cadre d’une démarche scientifique, nous avons affaire à ce que l’on appelle une « anecdote ». Les anecdotes personnelles sont des récits basés sur l’expérience individuelle. Et le problème avec cela, c’est qu’elles peuvent être biaisées par des facteurs tels que la subjectivité, la mémoire sélective et les attentes préconçues. Bien que souvent influente sur les perceptions individuelles, l’anecdote ne peut donc malheureusement pas constituer une preuve scientifique solide. Son utilisation en tant que preuve est limitée en raison de son manque de contrôle expérimental et de la difficulté à généraliser ces expériences à une population plus large.

Bien que le cerveau, organe exceptionnel, puisse susciter l’émerveillement, il demeure fondamentalement faillible : sujet à des erreurs de perception et de jugement. C’est en ce sens que vous m’entendrez souvent dire que la méthode scientifique est humble : avec cette dernière, on reconnait volontiers nos limites en tant qu’humain·es et nous tentons d’agir en conséquence, on accepte que l’on puisse se tromper, on cherche sans cesse à prouver que l’on à tort et on suit les évidences et les faits, même si ces derniers nous emmènent dans des contrées inconfortables pour nos croyances.

Le cerveau, malgré son extraordinaire capacité à traiter l’information, est donc soumis à diverses formes de biais cognitifs, distorsions perceptuelles et erreurs de jugement qui déforment notre perception de la réalité. Ces failles peuvent découler de mécanismes évolutifs, de préjugés culturels, ou de simplifications mentales destinées à gérer l’abondance d’informations. Comprendre ces failles est essentiel pour éviter de baser nos actions sur des interprétations erronées du monde.

Les limites cognitives inhérentes à cet organe complexe rendent impératif l’adoption d’une approche méthodique et scientifique pour appréhender le monde qui nous entoure. Ainsi, la méthode scientifique implique une méthode rigoureuse, la conception d’études contrôlées, la collecte de données objectives, la reproductibilité des études réalisées, la vérification des résultats par des pairs etc. Les conclusions basées sur des données probantes sont essentielles pour établir des généralisations fiables et des théories scientifiques robustes.

Bien que les anecdotes puissent susciter l’intérêt et orienter la recherche, elles ne doivent pas être confondues avec des preuves scientifiques établies. Autrement dit, « mon oncle Gérard me dit que ça marche » ne constitue en rien une preuve de l’efficacité d’un traitement, n’en déplaise à Gérard !

III. Thérapies dites « alternatives » :
amies ou ennemies ?

1. Sans danger, vraiment ?

Nous l’avons vu, les pratiques dites « alternatives » manquent généralement d’une base scientifique solide et sont souvent caractérisées par des affirmations non étayées, des traitements non éprouvés, voire des concepts fallacieux.
D’aucun·es diront que si les méthodes alternatives sont utilisées en supplément, alors elles ne font de mal à personne. Et effectivement c’est un moindre mal, mais nous l’avons vu, le placebo « caregiver effect » peut bel et bien nuire aux animaux. De plus, une étude récente a en réalité démontré que les croyances peuvent bel et bien nuire… voir tuer. Dans le cas du cancer (chez l’humain·e), des chercheur·euses ont démontré que les patient·es ayant choisi de faire l’usage d’une pseudo médecine en parallèle de leur traitement anti cancéreux ont plus de risques de mourir, et plus rapidement (Johnson, 2017). Pourquoi ? Parce que lorsque l’on doit prendre un traitement qui est lourd et qui nous bousille la vie (la chimiothérapie est en effet loin d’être une partie de plaisir), on peut être tenté d’observer avec moins de rigueur le traitement conventionnel lorsque l’on suit en parallèle un traitement de médecine alternative que l’on pense tout autant efficace. Évidemment c’est une étude réalisée sur les humain·es, mais les conclusions restent intéressantes à prendre en considération dans le cadre du soin apporté à nos chiens.

Ces pratiques sont souvent regroupées sous le terme de pseudo-sciences et sont généralement considérées comme potentiellement dangereuses pour plusieurs raisons fondamentales :

Absence de validation scientifique : On ne le dira jamais assez, elles sont souvent dépourvues de recherches scientifiques rigoureuses et de tests cliniques qui pourraient démontrer leur efficacité et leur innocuité. Parfois, les études ont carrément démontré leur inefficacité en long, en large et en travers (c’est notamment le cas de l’homéopathie). Il arrive aussi que les scientifiques ne perdent pas leur temps à essayer de réfuter des affirmations qu’iels jugent fantaisistes. Quoi qu’il en soit, en l’absence de preuves empiriques, il est difficile, voire impossible, de garantir la fiabilité et la sécurité de ces pratiques.

Défiance envers la médecine conventionnelle : La promotion excessive de méthodes alternatives peut contribuer à une méfiance envers la médecine conventionnelle et les professionnel·les de santé. Evidemment le système de santé tel que nous le connaissons est loin d’être parfait, néanmoins, c’est encore notre meilleure option…

Retard de traitement : Opter pour des thérapies alternatives au détriment de traitements médicaux éprouvés peut entraîner un retard dans la prise en charge médicale conventionnelle qui elle, a fait ses preuves. Parfois les conséquences sont dramatiques, et irréversibles.

Risques pour la santé : Certaines méthodes alternatives impliquent l’utilisation de substances, de procédures ou de régimes non réglementés, pouvant entraîner des effets secondaires néfastes. En l’absence de contrôles stricts et de normes de sécurité, les risques pour la santé des individus peuvent être significatifs.

Exploitation émotionnelle : Les praticien·nes de méthodes alternatives peuvent exploiter les vulnérabilités émotionnelles des individus en leur proposant des solutions simplistes ou des promesses de guérison miraculeuse (parfois de manière parfaitement inconsciente !). Cela peut entraîner une dépendance émotionnelle et financière, souvent au détriment du bien-être des personnes concernées et de leur chien.

Coût financier et temporel : Certaines thérapies alternatives peuvent être onéreuses et exiger un engagement financier important de la part des individus. De plus, le temps investi dans des traitements non validés peut être préjudiciable, surtout lorsque des interventions médicales éprouvées auraient pu offrir des résultats plus rapides et plus fiables. Dans le cadre spécifique de la détresse d’isolement, il n’est pas rare que les gardien·nes se tournent vers moi après avoir déjà essayé plusieurs solutions non conventionnelles qui, malheureusement, n’ont pas fonctionnées. Iels sont épuisé·es, à bout, ont perdu du temps, et dépensé beaucoup d’argent pour des résultats qui sont rarement à la hauteur de leurs attentes…

Interprétation et subjectivité : Avec des méthodes comme la communication animale, on peut parfois interpréter de manière erronée certains comportements de nos chiens, et passer à côté de problèmes graves. Puisque cette pratique ne repose sur aucun fondement scientifique sérieux, elle ne peut légitimement pas apporter de solutions adaptées aux problématiques que rencontre le chien (et quand c’est le cas, on peut remercier la statistique, les coïncidences, la chance, un bon timing ou tout simplement le temps qui passe).

C’est pour toutes ces raisons que j’ai choisi de me tourner vers des méthodes basées sur des preuves et des données empiriques telles que l’analyse appliquée du comportement et la biopsychologie pour comprendre et modifier le comportement animal de manière éthique et efficace. A mon sens, des approches fondées sur des preuves, telles que la pharmacologie vétérinaire, devraient primer pour assurer la santé et le bien-être des chiens.

2. Ennemies alors ?

Tout comme dans le domaine de la médecine humaine, il est important de reconnaître que les praticant·es de techniques alternatives ne sont pas à considérer comme des ennemi·es. En tant que professionnelle du monde canin, il me semble primordial de garder cette perspective à l’esprit. Accompagner le chien équivaut à accompagner l’humain·e, sans porter de jugement, avec une bienveillance constante, indépendamment de ses croyances. Un·e professionnel·le informé·e saura vous guider, que vous adhériez ou non à ces croyances, s’attachera à réaliser un bilan sérieux reposant sur l’éthologie, les neurosciences comportementales, l’analyse appliquée du comportement, etc. Il ou elle veillera à vous proposer des méthodes étayées par des preuves, tout en recueillant des données pour garantir l’objectivité de leur efficacité, car n’oublions pas que nous sommes toutes et tous sujets aux biais cognitifs, nous sommes toutes et tous faillibles.

Maintenant, pourquoi j’en parle autant ? Pourquoi cela me tient tant à cœur ?

Ma sensibilité envers le sujet des pseudosciences est profondément ancrée dans mon engagement à garantir le bien-être optimal des chiens que j’accompagne. Cela découle d’une combinaison de mes valeurs éthiques, de mon engagement envers des pratiques fondées sur les faits, et de la responsabilité que je ressens envers mes clients canins et leurs gardien·nes.

Au fil de mon parcours professionnel, j’ai constaté les risques significatifs associés à l’adoption de pratiques pseudoscientifiques. L’utilisation exclusive de ces approches, souvent motivée par des croyances personnelles, peut compromettre sérieusement la santé mentale et physique des chiens que je m’efforce de soutenir. Bien que certaines techniques alternatives puissent soulager l’humain·e, il arrive malheureusement qu’elles se substituent à une prise en charge globale de l’animal. La principale menace réside probablement là à mon sens ; lorsque les thérapies alternatives sont utilisées en tant qu’unique approche détournant des méthodes éprouvées et scientifiquement validées. Comme nous l’avons vu plus haut, cela peut conduire à des retards dans la résolution des problèmes de comportement, à l’aggravation des situations de manière parfois significative, à un épuisement physique et psychique des gardien·nes, à beaucoup d’argent dépensé parfois dans le vent…

Tandis que du côté des professionnel·les de méthodes alternatives, il me semble évident qu’afin que l’éthique soit au centre de leurs pratiques, iels s’assurent qu’un suivi médical/comportemental est, et reste la priorité. Mais il est également évident que leurs conseils ne devraient jamais aller à l’encontre des recommandations d’autres professionnel·les (vétérinaire, comportementaliste formé·e).

Conclusion : « I want to believe », mêler pratiques scientifiques et croyances

Scully et Mulder - X Files

Les croyances ne sont pas anodines, elles ont des effets concrets sur notre réalité, et celle de nos chiens. Néanmoins, loin de moi l’idée de juger quiconque, je suis bien mal placée pour cela ! J’ai moi-même été une adepte de certaines croyances dites « new age » il y a quelques années. Loin de moi également l’idée d’insinuer que le fait de croire à telle ou telle chose fait de nous des êtres totalement irrationnels et idiots. Il semble évident que les pratiques alternatives apportent un soulagement immédiat aux personnes qui les suivent (effet placebo / contextuel, la relation thérapeutique avec la personne que l’on consulte etc.). Mon seul et unique objectif ici est d’attirer l’attention sur les éventuels risques associés aux pratiques qui n’ont pas encore été soumises à une démarche scientifique rigoureuse, ou qui n’ont pas encore pu fournir des preuves solides de leur validité. J’invite simplement à la prudence, parce que je sais que si vous êtes ici, à lire ces lignes, c’est que comme moi, vous aimez profondément votre chien et souhaitez le meilleur pour lui.

Encore une fois, au risque d’être redondante, ma sensibilité envers les pseudosciences est enracinée dans mon engagement à proposer un accompagnement de qualité qui vous aidera vous et votre chien, basé sur des principes scientifiques, tout en respectant le lien unique qui vous unit. Malgré cela, je reste persuadée que chacun·e a le droit d’avoir ses propres croyances, et d’ailleurs qui n’en a pas ? J’en appelle simplement à une certaine vigilance quant à ces dernières, et je souhaite alerter quant aux potentielles répercussions qu’elles peuvent avoir sur les individus sentients avec qui nous partageons notre vie. Au final, nous portons tous·tes des croyances, des convictions qui colorent notre manière de percevoir le monde. Que ce soit en matière de valeurs, de choix personnels ou de visions de la vie, ces croyances façonnent notre identité et influent sur nos décisions quotidiennes. Reconnaître cette diversité de perspectives est essentiel pour favoriser un dialogue respectueux et une compréhension mutuelle.

Vous l’aurez compris, je ne vous proposerai jamais de soins énergétiques pour vous ou votre chien, mais si votre choix est de continuer cette pratique avec d’autres professionnel·les, je le respecterai, tout en restant à votre disposition, si vous le souhaitez, pour discuter et partager des approches alternatives basées sur des bases méthodologiques à jour avec les connaissances scientifiques que nous avons en notre possession actuellement.

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